"Rythme n°1" (1938) - Robert Delaunay
Rythme n°1 (1938)
Décoration pour le Salon de Tuileries
Huile sur toile
Musée d'Art moderne de la Ville de Paris
Robert Delaunay
A la suite de certains théoriciens de la couleur (Michel-Eugène
Chevreul, Ogden Rood), Delaunay poursuit, avant la première guerre
mondiale la recherche d’une peinture fondée sur la loi des contrastes de
couleurs se développant dans le temps et se percevant simultanément. Ce
cubisme particulier, dénommé « Orphisme » par Apollinaire, donnant
l’illusion du mouvement, se met au service d’une thématique d’un monde
moderne en plein essor : Tour Eiffel, hélices d’avions en rotation,
sport.
En 1930, Delaunay renoue avec l’art « inobjectif » dans les Rythmes
et les Rythmes sans fin où s’exprime la couleur seule qui, par son
organisation, sa dimension, ses rapports dans l’espace, détermine les
rythmes des formes. L’Exposition internationale de 1937 est l’occasion
pour bon nombre d’artistes de recevoir des commandes. Delaunay, appuyé
par l’activité de son épouse Sonia Terk, peintre et créatrice de meubles
et de tissus « simultanés », pose depuis longtemps la question de
l’abandon d’une peinture de chevalet au profit d’un art investissant
tous les espaces de la vie quotidienne. Delaunay fut chargé, en
collaboration avec l’architecte Félix Aublet, d’un important ensemble de
décorations pour le Pavillon des Chemins de fer et pour le Pavillon de
l’Air et de l’Aéronautique, qui connurent un grand succès public.
L’année suivante, de grandes peintures sont commandées à Albert
Gleizes, Jacques Villon, André Lhote, Sonia et Robert Delaunay pour
décorer le hall de sculptures du Salon des Tuileries. Ces compositions
monumentales, exposées en 1939 à l’Exposition du groupe des Réalités
nouvelles (considéré comme le premier Salon d’Art abstrait, Galerie
Charpentier), furent ensuite données à la Ville de Paris. Les
possibilités dynamiques des disques colorés qui entrent en mouvement par
la seule action physique du regard, sont exploitées pour donner leur
rythme à la composition. Par un effet « synchromique », la vision est
activée par les jeux de courbes et de contre-courbes, des disques aux
cercles concentriques de diverses épaisseurs qui se contrarient, et
surtout par les couleurs qui s’opposent en complémentaires (rouge/vert,
bleu/orangé) et en dissonances (rouge/bleu ; rose/rouge, etc.). Ces
toiles dont le Musée possède également les maquettes , constituent
l’aboutissement des recherches de Delaunay avant sa disparition précoce
en 1941.
(Source: Musée d'Art moderne de la Ville de Paris)